Une adolescente porte plainte pour viol collectif : Israël sous le choc

Une vague d'indignation secoue Israël après le viol présumé d'une adolescente de 16 ans par un groupe d'une trentaine d'hommes dans un hôtel d'Eilat, une ville balnéaire au bord de la mer Rouge. 14 suspects ont été arrêtés, dont 4 adultes. L'affaire a déclenché dans tout le pays une vague de manifestations contre les violences sexuelles.
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©AP Photo/Oded Balilty
Des centaines de personnes ont manifesté dimanche 23 août 2020 à Tel Aviv (Israël) pour dénoncer les violences sexuelles, à la suite de la plainte déposée par une adolescente pour viol collectif dans un hôtel d'Eilat. 
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Port d'Eilat, station balnéaire courue dans le sud d'Israël (Pixabay).
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L'enquête sur le viol d'Eilat se poursuit. L'adolescente avait déposé plainte mi-août pour viol collectif par trente hommes, selon le porte-parole de la police israélienne Micky Rosenfeld. La police a formé une unité spéciale pour mener les investigations.

Trois adultes et sept adolescents sont toujours en garde à vue; les autres, y compris le directeur de l’hôtel, ont été libérés en résidence surveillée, selon infos-israel.news. Dix adolescents et 4 adultes sont soupçonnés d’avoir participé d’une manière ou d’une autre au viol. L’enquête considère que 7 personnes ont participé à l’acte de viol, les autres étaient présentes dans la pièce, y sont entrées et sorties, ont filmé la vidéo. Aucun des suspects n’a avoué et ne raconte pourquoi il n’est coupable de rien, rapporte encore le site.

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Port d'Eilat, station balnéaire courue dans le sud d'Israël (Pixabay).

L'histoire était passée sous les radars jusqu'à ce que la presse locale rapporte, le 20 août, que les hommes faisaient la file devant la chambre d'hôtel de la jeune fille en état d’ivresse, attendant leur tour pour la violer. Le soir-même, des manifestations spontanées ont eu lieu dans une trentaine de villes comme Jérusalem ou Tel-Aviv, où un millier de manifestant.e.s étaient rassemblés place Habima, en soutien à l'adolescente et pour condamner les violences sexuelles infligées aux femmes.

Une nation sous le choc

Dans la classe politique israélienne, des condamnations se multiplient. "C'est choquant, il n'y a pas d'autre mot ! Ce n'est pas seulement un crime contre une jeune fille, c'est un crime contre l'humanité elle-même qui mérite toute notre condamnation", s'indigne le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui a appelé à ce que "les responsables soient traduits en justice".

Le président israélien Reuven Rivlin publie sur les médias sociaux une lettre à la jeunesse, filles et garçons, pour dénoncer "les horreurs rapportées du viol collectif à Eilat... Les agressions sexuelles, le viol, l'exploitation sexuelle, les violences sexuelles sont des taches indélébiles (...) qui détruisent la société et nous rendent misérables".

Le site d'information Times of Israel rapporte le tweet du vice-Premier ministre Benny Gantz, qui exprime son incompréhension : "Depuis hier après-midi, j’ai essayé, et n’ai pas réussi, à comprendre : qu’est-ce qu’un homme qui se tient dans une file d’attente bondée avec des dizaines d’autres, devant une chambre où une jeune fille désorientée est allongée, essaie de prouver ?"
 

Le chef de l’opposition Yair Lapid, lui, évoque un incident "insondable" : "Aucun homme de ce groupe n’a pensé à sa sœur, sa fille, sa bonne amie ? Aucun homme n’a dit à ses amis : ‘Arrêtez, qu’est-ce qu’on fait ?’ Mon cœur est avec cette jeune fille et sa famille, a-t-il ajouté, appelant également à la publication des photos des hommes accusés. Ayez honte, bande d’ordures ».

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Tous les jours, 260 femmes sont violées en Israël, selon les données officielles. 
©AP Photo/Oded Balilty

Violences sexuelles : un fléau sous-estimé

"Tous les jours, 260 femmes sont violées en Israël" selon les données officielles, s'insurge Ilana Weizman, 36 ans, fondatrice du groupe féministe HaStickeriot inspiré des colleuses françaises qui luttent contre la culture du viol. Selon ces mêmes données, "une femme sur cinq est violée en Israël au cours de sa vie", ajoute-t-elle.
 

Il faut arrêter de dire qu'il faut protéger nos filles, il faut éduquer nos garçons.
Ilana Weizman, fondatrice du groupe HaStickeriot

Le groupe colle des slogans féministes sur les murs de plusieurs villes israéliennes comme lo ze lo ("non c'est non") ou encore at lo levad ("tu n'es pas seule"). 

"Il faut arrêter de dire qu'il faut protéger nos filles, il faut éduquer nos garçons à la question du consentement et ce dès le plus jeune âge", souligne-t-elle, ajoutant qu'il faut que l'Etat alloue davantage de budget pour lutter contre la violence faite aux femmes et ne se contente "d'utiliser de grands mots".