Une Africaine à la tête d'ONU-femmes

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Une Africaine à la tête d'ONU-femmes
Phumzile Mlambo-Ngcuka, ancienne vice-présidente de l'Afrique du Sud et nouvelle directrice d'ONU-Femmes.
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Première directrice d'ONU-femmes, la Chilienne Michelle Bachelet est parvenue à faire de la plus jeune des agences de l'ONU, dédiée à la défense des droits des femmes, un acteur crédible et respecté de la communauté internationale. C'est aujourd'hui à Phumzile Mlambo-Ngcuka de l'ancrer définitivement dans le jeu diplomatique mondial. Cette ancienne vice-présidente de l'Afrique du Sud a été nommée à la tête d'ONU-femmes le 10 juillet dernier.
Phumzile Mlambo-Ngcuka fait partie de ces pionnières dans le paysage politique africain. Née en 1955 dans une famille zoulou, cette enseignante de formation s'investit, sous l'apartheid, dans le Congrès national africain et en devient un membre connu et reconnu dès que le parti de Nelson Mandela sort de l'ombre et obtient, en 1990, un statut légal. Ministre des Mines Aux premières élections libres et multiraciales en 1994, Phumzile Mlambo-Ngcuka est élue députée. C'est le début d'une brillante carrière politique. En 1997, elle fait son entrée dans le comité exécutif de l'ANC. Deux ans plus tard, elle est nommée ministre l'Energie et des Mines sous le gouvernement de Thabo Mbeki. A ce poste stratégique qui la met à la tête d'un secteur vital pour l'Afrique du Sud, elle initie la charte minière (Mining Charter) qui préconise que, d’ici 2014, 26 % des mines sud-africaines soient détenues par des entreprises gérées par des noirs. Elle fait également approuver une motion invitant son pays à recourir à des sources d’énergies plus abordables et plus économiques comme les énergies renouvelables. Une des plus efficaces  Considérée comme l'une des personnalités les plus efficaces du gouvernement, elle est au top de sa popularité quand éclate un scandale pétrolier impliquant une société publique directement placée sous sa tutelle en tant que ministre de l’Energie et des Mines. En 2005, elle quitte le ministère pour accéder à une fonction jusque là jamais occupée par une femme. Nommée par Thabo Mbeki, elle devient vice-présidente de l'Afrique du Sud, succédant à Jacob Zuma, impliqué dans des affaires de corruption. En 2008, après la démission forcée de son mentor, le président Thabo Mbeki, elle quitte définitivement le gouvernement et revient à sa première passion, l'éducation, en créant la fondation Umlambo qui soutient les écoles dans les zones pauvres de l'Afrique du Sud. Même si sa notoriété internationale n'est pas à la hauteur de celle de Michelle Bachelet, Phumzile Mlambo-Ngcuka bénéficie d'une réelle et longue expérience politique qui lui sera indispensable pour mener à bien ses missions. « Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka possède une vaste expérience de la défense des droits des femmes, une expérience pratique de l’administration, ainsi qu’une expérience dans les domaines du leadership stratégique et de la recherche de consensus », a résumé le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon . Défis politiques et financiers A la tête d'ONU-femmes,la dernière agence créée par les Nations Unies en 2010, issue d'une fusion entre quatre départements déjà existants, de nombreux défis l'attendent. Avec tout d'abord l'épineux anniversaire de la conférence de Pékin. En 2015, cette conférence mondiale consacrée aux droits des femmes qui avait, en 1995, remporté un succès fou et lancé un programme d'actions ambitieux, fêtera ses 20 ans. L'occasion de dresser le bilan et de définir de nouveaux objectifs. Mais le climat international n'est plus aussi favorable. Les tensions entre Etats progressistes et conservateurs sont de plus en plus fortes. Michelle Bachelet en a d'ailleurs éprouvé les limites. C'est à l'arraché, en usant de ses dons diplomatiques et de son poids politique, qu'elle a obtenu un compromis au sein la Commission technique de la femme qui reconnaît qu'aucun relativisme culturel ni aucune référence à la tradition n’était acceptable en matière de violences faites aux femmes. Avant cette échéance stratégique, Phumzile Mlambo-Ngcuka aura à négocier dès 2014 les droits sexuels et reproductifs, à l'occasion des 20 ans de la conférence du Caire. Ce qui ne sera pas non plus une mince affaire quand on voit les violents clivages que provoque tout changement législatif relative à l'avortement. Sur un plan plus interne, Phumzile Mlambo-Ngcuka devra aussi convaincre pour renforcer le budget de son agence. Le budget d'ONU-Femmes atteint à peine 300 millions de dollars, ce qui représente, en guise de comparaison, un quart du budget d'UNICEF. Il est deux fois moins important que prévu. L'objectif serait de le faire monter à 500 millions de dollars pour que l'agence puisse financer davantage de programmes de développement et renforcer son soutien auprès de ses cinq agences régionales.