Nathalie Kosciusko-Morizet, élue lundi 03 juin 2013, au premier tour de la primaire UMP (droite) pour les municipales de Paris de 2014, la bataille électorale contre sa principale rivale, la candidate socialiste, Anne Hidalgo, peut commencer. Si l’issue du scrutin demeure incertaine, une chose est sûre : sauf coup de théâtre, le prochain maire de Paris sera une maire ou une mairesse - encore une fois la grammaire ne favorise pas les femmes. Pour l’heure, seule Martine Aubry, à Lille, est à la tête d’une importante municipalité française. Un constat qui se retrouve à l’international, où les femmes maires de grandes villes se comptent encore sur les doigts des deux mains.
Portraits croisés de Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet
Née dans une famille d’immigrés espagnols ayant fui le franquisme et la pauvreté, Anne Hidalgo grandit à Lyon. Son DEA en droit social en poche, elle passe le concours d’inspectrice du travail et s’installe à Paris où elle adhère, en 1994, au Parti socialiste. Conseillère de Martine Aubry, puis de la garde des Sceaux, Marylise Lebranchu, sous le gouvernement Jospin (1997-2002), elle interviendra également auprès du secrétariat d'État aux droits des femmes. Au sein de ce cabinet, elle participe à l’élaboration des lois sur la parité et l’égalité professionnelle, une thématique qui lui tient particulièrement à cœur. Élue en 2001 Première adjointe à la mairie de Paris chargée de l'égalité hommes-femmes, elle est confirmée dans son mandat, en 2008, et prend en charge les questions d’urbanisme. Élue conseillère régionale d'Ile-de-France en 2004, elle sera, en revanche, battue aux législatives de 2007. En septembre 2012, à 53 ans, la Première adjointe à la notoriété débutante, annonce sa candidature à la mairie de Paris. Seule candidate au sein du PS, elle est désignée, le 22 mai 2013, par les militants socialistes parisiens. Le 29 mai, Bertrand Delanoë, l’actuel maire de la capitale française, lui passe le flambeau au cours de son premier grand meeting de campagne. Ses priorités : le Grand Paris, le logement, et la transformation de la capitale en un "modèle de ville écologique, de la transition énergétique". Baptisée « main de fer dans un gant de velours », Anne Hidalgo est décrite par les uns comme « battante et déterminée », « cassante et sectaire » par les autres. Accusée par la droite de n’être qu’une « héritière », elle préfère parler de continuité. Unie en 2004 à Jean-Marc Germain, député des Hauts-de-Seine, Anne Hidalgo est mère de trois enfants.
Fille, petite fille et arrière-petite fille d’élus (dont un fondateur du Parti communiste français), pour Nathalie Kosciusko-Morizet, dite NKM, mener une carrière politique allait un peu de soit. Polytechnicienne à 19 ans, elle entre au ministère de l’économie en 1997. Ses engagements la mènent à droite, d'abord au RPR puis à l’UMP. Elle est remarquée par Jacques Chirac, et devient, en 2000, conseillère à l’environnement à Matignon. Passionnée par cette thématique, elle s’impose comme l’experte en écologie de l’UMP. En 2007, à 34 ans, elle est nommée secrétaire d’Etat à l’écologie sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Trois ans plus tard, elle sera ministre. « Geek » du gouvernement, très active sur les réseaux sociaux, elle fait un bref passage au secrétariat d’Etat à la prospective, et au développement numérique. En 2012, Nicolas Sarkozy la nomme porte-parole de sa campagne présidentielle. Mais la tonalité très droitière de cette dernière la met en porte à faux : NKM n'a jamais transigé avec l'extrême droite, refusant toute alliance avec le Front national. Début 2013, à 40 ans, la Député-maire de l’Essonne, démissionne de ses fonctions d'élue locale pour briguer la mairie de Paris. Victorieuse, lundi 3 juin, dès le premier tour, de la primaire UMP pour les municipales de 2014, elle rappelle ses priorités : principe d'un nouveau logement intermédiaire pour un nouveau logement social, bannissement des véhicules diesel de la flotte municipale et réinvestissement sur la sécurité. Si beaucoup lui reconnaissent des talents de technicienne, elle est parfois dépeinte comme trop « sophistiquée », trop éloignée des couches populaires. N’excluant pas de prétendre, un jour, à la fonction présidentielle, la gauche l'accuse de "se servir de Paris" comme tremplin pour les prochaines présidentielles. Mariée à un homme de gauche, elle est mère de deux enfants.
A la tête des grandes villes du monde, rares sont les femmes
Sauf retournement extraordinaire, de Anne Hidalgo ou Nathalie Kosciusko-Morizet celle qui sera élue à la tête de Paris, rejoindra le club, pour l’instant assez restreint, des femmes dirigeantes de grandes villes ou capitales. Parmi elles : Letizia Moratti à Milan (capitale économique de l'Italie), Hanna Beata Gronkiewicz-Walt à Varsovie (Pologne), Ana Botella à Madrid (Espagne), Yordanka Fandakova à Sofia (Bulgarie), Halyna Hereha à Kiev (Ukraine), Fatima Zahra Mansouri à Marrakech, Agnes Kafula Windoek (Namibie), Patricia de Lille au Cap (Afrique du Sud), Fumiko Hayashi à Yokohama (Japon), Celia Wade-Brown à Wellington (Nouvelle-Zélande), Marta Hernández Romero à La Havane (Cuba), Susana María del Carmen Villarán de La Puente à Lima (Pérou), Ana Olivera à Montévidéo (Uruguay), ainsi que la maire de Santiago de Chili, - récemment élue -, Carolina Toha. L'Allemagne compte aussi plusieurs femmes à la tête des capitales des lands, très importants dans cet Etat fédéral, avec à leur tête Dorothee Stapelfeldt, qui dirige la ville de Hambourg. Notons aussi la remarquable Charlotte Whitton, mairesse d'Ottawa au Canada, de 1951 à 1956 et de 1960 à 1964...