Une femme pour succéder à Boris Johnson ?

Et si une femme revenait au 10 Downing Street ? Penny Mordaunt, secrétaire d'Etat au Commerce international, Liz Truss, cheffe de la diplomatie, et Kemi Badenoch, ex-ministre à l'Egalité, postulent à la succession de Boris Johnson. Jusqu'ici, deux femmes seulement ont occupé ce poste : Margaret Thatcher et Teresa May. Les paris sont ouverts !
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Trois femmes candidates au 10
©AP Photo/Alberto Pezzali
Et si le successeur de Boris Johnson était une femme ? Trois femmes figurent parmi les candidats à la direction du parti conservateur pour diriger le Royaume-Uni et s'installer au 10 Downing Street, le siège officiel du ou ... de la Première ministre.
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3 femmes candidates
©Parlement britannique via AP
Quatre femmes et deux hommes sont dans la course à la direction du Parti conservateur, en haut de gauche, Liz Truss, Tom Tugendhat, en bas de gauche, Kemi Badenoch, Suella Braverman, Rishi Sunak et Penny Mordaunt.
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Penny Mordaunt, donnée favorite par les sondages

La secrétaire d'Etat au Commerce international Penny Mordaunt, 49 ans, s'est lancée dans la course le dimanche 10 juillet. Cette ancienne réserviste de la Marine a été la première femme à occuper le poste de ministre de la Défense en 2019.

Députée de Portsmouth North depuis 2010, elle devient en 2019 la première femme secrétaire à la Défense du Royaume-Uni avant d'être licenciée par Boris Johnson après seulement trois mois lorsqu'il est devenu Premier ministre. Elle a finalement été réintégrée au gouvernement et est maintenant ministre du Commerce après avoir quitté le poste de payeur général.

Penny Mordaunt a précédemment servi dans le gouvernement de David Cameron en tant que sous-secrétaire parlementaire et secrétaire au développement international sous Teresa May. En tant que membre des réserves de la Royal Navy, la députée est très populaire parmi les électeurs conservateurs. Elle a joué un rôle de premier plan dans la campagne Leave lors du référendum sur le Brexit de 2016.

Dans sa déclaration de candidature, elle a insisté sur la nécessité que le débat public "tourne un peu moins autour du leader", pour se concentrer sur le "navire".
Une musique hollywoodienne et un ton grave, dans sa vidéo, la candidate joue sur "l'image d'un Royaume-Uni rêvé", rapporte le correspondant de France Inter à Londres, dans laquelle elle invoque successivement "Churchill et Thatcher. Comme tous ses rivaux, elle veut réduire les impôts, les taxes sur les entreprises, les carburants, pour la santé publique".

"Bien qu'elle ne soit pas un nom aussi connu que certains des candidats, Penny Mordaunt est l'une des préférées des bookmakers et a été décrite comme le "cheval noir" du concours", estime le site itv.com.

Un sondage YouGov réalisé les 12 et 13 juillet auprès de plus de 800 adhérents du parti la donne largement favorite: elle obtient 27%, loin devant la secrétaire d'Etat à l'Egalité Kemi Badenoch (15%) et l'ex ministre des Finances Rishi Sunak, ex-aequo avec la cheffe de la diplomatie Liz Truss, avec 13%.

En revanche, seul 11% des Britanniques (16% chez les conservateurs) sont capables de la nommer en voyant son visage, selon une autre étude (Savanta ComRes). Une donnée qui pourrait bien changer dans les semaines qui viennent... 

Liz Truss, "championne" du conservatisme

"Je me battrai dans cette élection en tant que conservatrice et gouvernerai en tant que conservatrice", affiche clairement Liz Truss, dans les colonnes du Daily Telegraph. La candidature de la ministre britannique des Affaires étrangères, 46 ans, ne faisait aucun doute. Elle est la dernière à rejoindre ainsi plusieurs poids lourds du parti conservateur dans une course qui compte au total 11 concurrents, dont trois femmes.

Petite, elle a joué Margaret Thatcher dans une pièce de théâtre à l'école. Aujourd'hui, la diplomate espère lui succéder et devenir la troisième femme à Downing Street. Comme Thatcher, la "Dame de Fer" Première ministre de 1979 à 1990, Liz Truss est une championne du libre-échange. Comme elle l'a confirmé dans sa déclaration de campagne, elle veut incarner l'essence du conservatisme britannique.

Depuis près d'un an à la tête du ministère des Affaires étrangères, Liz Truss est allée jusqu'à imiter Margaret Thatcher en posant en chapka sur la place rouge en février dernier, lors d'un voyage à Moscou destiné à tenter de dissuader Vladimir Poutine d'envahir l'Ukraine. Un voyage qui, outre les railleries suscitées par ces photos, s'est soldé par un fiasco diplomatique. Elle s'est notamment fait piéger par son homologue russe Sergueï Lavrov en affirmant qu'elle ne reconnaîtrait "jamais" la souveraineté de Moscou sur deux villes russes proches de l'Ukraine, Rostov et Voronezh, dont l'appartenance à la Russie n'est pas contestée.

Aux côtés de Boris Johnson, Liz Truss a incarné le soutien massif du Royaume-Uni à l'Ukraine, notamment grâce à des sanctions économiques d'une ampleur inédite.

"Je suis la candidate qui a une vision claire sur l'avenir, qui peut mener au changement et  pour que les choses soient faites, lance-t-elle dans sa vidéo de campagne sur les réseaux sociaux. En temps que Premier ministre, je ferai en sorte que les principes conservateurs soient préservés, en baissant les taxes et agissant pour la croissance économique".

Olukemi Olufunto Badenoch, visage de la diversité

Olukemi Olufunto Badenoch, née Adegoke, née le 2 janvier 1980 à Wimbledon, à Londres, de parents d'origine nigériane, est membre du parti conservateur depuis 2017. Députée de Saffron Walden, elle a occupé le fauteuil de secrétaire d'Etat à l'égalité de septembre 2021 à juillet 2022. 

Elle était l’une des près de 60 membres du Parlement et assistants qui ont démissionné pour forcer Boris Johnson à quitter ses fonctions.

Dans un article publié dans le journal The Times, l'ex-ministre a appelé au changement et a déclaré que l’opinion britannique était "épuisée par les platitudes et la rhétorique vide". En tant que ministre de l’Égalité, Kemi Badenoch a été critiquée par les membres du comité consultatif LGBT + du gouvernement pour les retards dans l’interdiction des "thérapies de conversion".
 
"Je suis reconnaissante que tant de collègues m'aient soutenu ce soir. Pour gagner les prochaines élections et apporter des solutions conservatrices aux problèmes d'aujourd'hui, notre parti doit se présenter comme le parti du changement. J'ai la conviction, le courage et la clarté de pensée nécessaires pour apporter ce changement", a écrit dans un post sur Twitter la députée, après s'être déclarée candidate à la succession de Boris Johnson.

Un sondage YouGov réalisé les 12 et 13 juillet auprès de plus de 800 adhérents du parti fait d'elle une outsider avec 15% des intentions de vote, loin derrière la grande favorite Penny Mordaunt (27%).
 

Suella Braverman, mise hors-course

La procureure générale Suella Braverman est chargée de conseiller juridiquement le gouvernement ; elle a été l'une des premières à se lancer dans la course au 10 Downing Street, peu après l'annonce du départ de Boris Johnson. Dimanche 17 juillet, elle a finalement été éliminée lors du vote des membres du Parti conservateur britannique. 
 
Sue-Ellen Cassiana Braverman, 44 ans, est née à Harrow, de parents indiens qui ont émigré au Royaume Uni dans les années 60, et a grandi à Wembley. Elle a fait ses études de droit à Cambridge, qu'elle a poursuivi en France avec une maîtrise de droit européen et français à l'Université Panthéon-Sorbonne à Paris. 

Membre du parti conservateur, elle est députée pour Fareham depuis 2015. Elle a mené campagne pour le Brexit. C'est d'ailleurs à ce titre qu'elle avait officiellement reçu le soutien du législateur du parti conservateur britannique, Steve Baker. "Avec une loyauté inébranlable, je soutiens Suella pour le poste de leader conservateur et de premier ministre", écrivait alors Steve Baker dans le journal The Telegraph.

Battue en cours de route, la procureure a officiellement décidé de soutenir la candidate Liz Truss pour le poste de Premier ministre, comme elle l'a écrit sur son compte twitter, "J'encourage tous mes collègues à la soutenir : une feuille de route éprouvée en matière de leadership, des plans sérieux pour les temps difficiles à venir et une championne des valeurs conservatrices de bon sens".
 
 
Boris s'en va
Le Premier ministre britannique Boris Johnson entre au 10 Downing Street, après avoir annoncé sa démission, Londres, le 7 juillet 2022. 
©AP Photo/Alberto Pezzali