Au bout de trois ans de réflexion, de diplomatie et de négociation, la fondation des femmes pour la Méditerranée est en marche. Soutenue par quatre Etats (France, Jordanie, Liban, Maroc), elle ambitionne de créer un puissant réseau pour favoriser l’émancipation des femmes et renforcer leur rôles dans les politiques publiques avec l’objectif ultime de construire l’égalité entre les hommes et les femmes. Un projet de grand ampleur concernant 43 pays (les Etats membres de l’Union européenne et ceux qui bordent la Méditerranée en Afrique et au Proche Orient), conséquence concrète (et rare) de la fondation en 2008 de l'Union pour la Méditerranée, à l'initiative du président Sarkozy. La stratégie adoptée semble astucieuse et prometteuse puisqu’elle ne se limite pas à un travail de lobbying sur les différents ministères des droits des femmes mais passe aussi par des partenariats avec les collectivité locales (municipalités, régions) plus proches des divers territoires et populations. La dernière ayant confirmé son engagement étant la mairie de Bordeaux dans le sud-ouest de la France administrée par Alain Juppé, qui est par ailleurs ministre des Affaires étrangères. « Nous avons aussi signé des conventions avec Beyrouth et Biblos au Liban, Amman en Jordanie, Madrid et Malaga en Espagne, Istanbul en Turquie, Jénine et Ramallah en Cisjordanie, Marrakech au Maroc, Bizerte en Tunisie... », liste avec enthousiasme Corinne Hirsch, déléguée de la fondation. Au-delà des cercles politiques et institutionnels, la fondation met aussi en lien associations et entreprises. Le tout pour favoriser le partage d’expériences, valoriser les bonnes pratiques et mettre en place des projets de terrain dans des secteurs multiples tels que l’éducation, l’emploi et la santé. DES PROJETS DE TERRAIN D’ailleurs, des réalisations sont déjà en route comme la création d’un coopérative de l’artisanat au féminin. « Nous sommes en train de repérer de petites coopératives d’artisanat qui font travailler des femmes afin de les aider à renforcer et à écouler leur production à des prix justes. Ce qui permettra de revaloriser ces savoir-faire qui sont en train de se perdre et de développer l’autonomie financière des femmes », précise Narges Ben Mlouka, responsable du pôle projets et relations avec les associations. Développant ses propres actions, la fondation s’engage également à soutenir et financier des projets extérieurs. « Nous avons, par exemple, mis en lien une jeune entrepreneuse libanaise avec des responsables de la ville de Ramallah pour qu’elle puisse développer son projet touristique qui consiste à former des femmes pour qu’elles puissent accueillir dans leurs villages les touristes de passage », indique Narges Ben Mlouka. RÉSEAU DE CHERCHEURS La Fondation des femmes pour la Méditerranée a pour originalité d’intégrer également un réseau d’universitaires qui, dans des disciplines diverses (sociologie, anthropologie, histoire), étudient les rapports sociaux de sexes comme cela se fait déjà depuis longtemps pour les rapports de classe. « Nos travaux de recherche permettent de rendre visible les inégalités et de penser les processus d’égalisation entre hommes et femmes », explique la sociologue Sylvie Cromer, vice-présidente de la fondation. Et pour faire connaitre ces recherches sur le bassin méditerranéen, un colloque aura lieu à Paris le 8 décembre prochain sur le thème des femmes en responsabilité dans la sphère politique et économique. ANTENNES LOCALES Pour un déploiement plus efficace de ses actions, la Fondation dont le siège est à Paris, envisage de créer des antennes locales dans les différents pays partenaires, à Marrakech, Biblos, Ramallah, et Amman. Mais des plateformes d'échange et des outils collaboratifs sont déjà disponibles sur le site de la Fondation pour faciliter la mise en réseaux.