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Brenda Lucki, une nomination symbolique à la tête de la gendarmerie royale du Canada. Reportage de notre partenaire Radio Canada, 2'18
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Une première au Canada : Brenda Lucki, une femme nommée à la tête de la police nationale

Elle s’appelle Brenda Lucki et elle va prendre les rênes de la Gendarmerie royale du Canada, la GRC, qui est la police nationale du pays à la feuille d’érable. Une nomination symbolique pour le Premier ministre Trudeau, qui, depuis son accession au pouvoir, multiplie les gestes et les décisions en faveur de l’égalité des femmes et des hommes.

La nomination est d’autant plus symbolique que la Gendarmerie royale du Canada, ce corps policier, traîne une réputation de sexisme et de nombreux cas d’inconduite sexuelle dans ses rangs, sans oublier trop d’enquêtes bâclées ces dernières années quand il fallait traiter de plaintes d’agressions sexuelles… Aussitôt désignée, aussitôt saluée par la GRC. 

Respectée dans les communautés autochtones

Autrement dit, la nouvelle Commissaire aura fort à faire pour redresser la barre de cette institution qui emploie près de 30 000 personnes. Et elle le sait, qu’elle a du pain sur la planche, cette policière qui affiche 31 ans de service derrière la cravate.
Cette anglophone qui parle aussi français est originaire de l’Alberta, province de l’ouest canadien. Elle a travaillé dans l’ouest du pays mais aussi  le Québec et l’Ontario. Elle a aussi mené des missions dans l’ex-Yougoslavie et Haïti et s’est notamment illustrée pour son travail auprès des communautés autochtones dans le nord du Manitoba, ce qui lui a valu l’Ordre du mérite des corps policiers.

Justin Trudeau compte sur elle d’ailleurs pour travailler sur l’amélioration des relations entre les autochtones et la GRC, relations qui sont loin d’être harmonieuses : « C'est avec un désir de nouveau partenariat, une emphase sur la réconciliation, le partenariat, la collaboration, le respect que nous allons avancer » a-t-il précisé.


En tant que commissaire, je n’aurai pas toutes les réponses, mais j’ai la ferme intention de poser toutes les bonnes questions, et peut-être certaines seront difficiles
Brenda Lucki,  cheffe de la GRC

Le Premier ministre canadien lui a aussi donné le mandat d’assurer l’équité et l’égalité entre les femmes et les hommes au sein du corps policier et de lutter efficacement contre le harcèlement et les inconduites sexuelles qui ont pourri le climat de travail à la GRC. Ce sera son dossier chaud à n’en pas douter : quelque 4 000 femmes ont porté plainte pour harcèlement et intimidation au sein de la GRC. Déjà deux actions collectives ont été réglées à l’amiable moyennant 100 millions de dollars et le Commissaire sortant, Bob Paulson, avait présenté des excuses officielles aux policières qui avaient subi de la discrimination.
 

« En tant que commissaire, je n’aurai pas toutes les réponses, mais j’ai la ferme intention de poser toutes les bonnes questions, et peut-être certaines seront difficiles » a-t-elle déclaré lors de sa nomination dont elle se dit très fière.  Elle a toute la confiance  de Justin Trudeau : « Elle est connue pour être une travailleuse acharnée, un officier dédié à son travail et quelqu’un qui cherche toujours des moyens d’améliorer ses façons de faire ».


L’an passé, nous n’étions que 7 femmes directrices sur 300 corps de police au Canada
Helen Dion, directrice de la police de Repentigny - Québec

L’arrivée d’une femme à la tête de la GRC a été bien accueillie. Helen Dion, présidente de l’Association des chefs de police du Québec et directrice de la police de Repentigny, a confié au quotidien montréalais La Presse : « Chaque fois que l’on arrive à passer le plafond de verre, c’est une excellente nouvelle. L’an passé, nous n’étions que 7 femmes directrices sur 300 corps de police au Canada. Je ne peux que saluer le courage des gens qui osent faire la différence. Je ressens une certaine fierté. Il faut maintenant que le gouvernement donne à Mme Lucki les moyens de remplir ses mandats. ».

Même l'opposition au gouvernement de Mr Trudeau a applaudi, par les mots de son chef de file, Andrew Scheer, à la tête du Parti conservateur.

Chef ou cheffe, pourvu que ce soit la meilleure

Le quotidien La Presse a aussi recueilli la réaction de Serge Bilodeau, président de l’Association des membres de la police montée du Québec : « Je vois d’un bon œil l’arrivée d’une femme à la tête de la GRC. Je salue le courage du gouvernement. Que ce chef soit une femme ou un homme, pourvu que ce soit le meilleur candidat qui aura une écoute attentive et qui prendra les meilleures décisions. Elle a une lourde tâche devant elle à la suite des actions collectives des femmes contre le harcèlement et l’éventuelle négociation d’une première convention collective ».

Pierre-Yves Bourduas, qui a été sous-commissaire de la GRC, a confirmé à la radio de Radio-Canada que c’était effectivement un défi considérable qui attendait la nouvelle Commissaire : « elle a les reins solides, elle a une bonne expérience mais Mme Lucki devra effectivement poser les bonnes questions aux bonnes personnes, comme elle l’a mentionné elle-même. Elle devra s’entourer de personnes compétentes… Il y a une culture à changer et elle devra s‘assurer d’avoir les gens en place pour changer cette culture-là ».

Brenda Lucki entrera officiellement en fonction le 16 avril  2018.

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LES LARMES DES FEMMES DES PREMIÈRES NATIONS DU CANADA