Le sport féminin est quasi-inexistant au royaume des al-Saoud. Les autorités viennent à peine d'autoriser sa pratique, uniquement dans les écoles privées de jeunes filles. Pour la première fois aussi, une Saoudienne est entrée dans une enceinte sportive et a assisté avec l'un de ses "gardiens légaux" à une compétition d'équitation à Al-Ihsa, dans la province orientale du royaume - "le gardien légal" est un proche parent sans lequel les Saoudiennes ne peuvent pas voyager à l'étranger ou fréquenter un lieu public mixte. Parfois, des supportrices encouragent leur équipe, mais toujours hors de leur pays, comme au Koweït en 2010 ou encore à Paris en 1998. Elles demandent, en vain, de pouvoir suivre leur équipe à domicile.
Les effractions de la mondialisation
En janvier 2013, des expatriées coréennes et japonaises ont elles aussi été autorisées à assister aux compétitions organisées à Jeddah dans le cadre d'un tournoi asiatique de handball. L'Arabie saoudite tente aussi d'organiser la phase finale de la Coupe d'Asie de football en 2019. Dans le cas où elle réussirait, elle serait obligée de consacrer, sur les gradins, des espaces pour les spectatrices comme le prévoient les règlements de la Fédération asiatique de football.
Dans la marche des Saoudiennes pour leurs droits, des initiatives personnelles comme celle de Raha Mouharraq se multiplient, soutenues discrètement par certains membres de la famille royale : se filmer au volant comme Manal Al Sharif, faire rire comme Noufie, ou filmer comme Haifaa Al-Mansour.
La chercheuse belge Elisabeth Vandenheede s'interroge sur ces gestes qui restent très individuels. En favorisant ces démarches solitaires de quête du bonheur, le Royaume, craignant la contagion des révolutions arabes, ne chercherait-il pas à se consolider, grâce à l'appui des femmes ? Une question fort intéressante...