Une Saoudienne candidate à Miss Univers ?

Difficile d'imaginer qu'une Saoudienne puisse un jour fouler le podium d'un concours international de "beauté" ... Dans ce pays musulman ultraconservateur, il y a quelques années encore, les femmes n'avaient pas le droit de sortir sans leur voile et leur longue abaya noire.

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Miss Univers 2023

Les dix finalistes du 72e concours de beauté Miss Univers à San Salvador, El Salvador, le samedi 18 novembre 2023. 

©AP Photo/Moises Castillo
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Une candidate saoudienne défilera-t-elle en bikini sur la scène du prochain concours international de Miss Univers prévu le 28 septembre 2024 au Mexique ? Une décision est attendue "très, très bientôt". Il est "possible" que la monarchie du Golfe ait une déléguée à la prochaine édition du concours. 

Maria Jose Unda, coordinatrice des relations internationales de l'organisation, a confirmé que Miss Univers menait "actuellement un processus rigoureux de sélection d'un candidat potentiel pour la franchise en Arabie saoudite"

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Derrière cette annonce, une polémique lancée par une femme mannequin de Ryad qui avait affirmé en mars dernier avoir été sélectionnée comme candidate à Miss Univers, ce que l'organisation a démenti depuis.

Rumy al-Qahtani : bon ou bad buzz ?

Fin mars 2024, Rumy al-Qahtani, mannequin de Ryad, a fait le buzz sur les réseaux sociaux en annonçant à ses centaines de milliers d'abonnés sur Instagram qu'elle était "honorée" d'avoir été choisie pour représenter le royaume à Miss Univers. La publication de cette femme de 27 ans était accompagnée d'une photo d'elle en robe moulante et décolletée, tenant le drapeau saoudien vert, couleur de l'islam.

Moins d'une semaine plus tard, Miss Univers a publié un communiqué qualifiant ce message de "faux et trompeur" et affirmant qu'aucun processus de sélection n'avait encore été mené dans le pays. Selon la responsable de Miss Univers, la procédure prévoit qu'un concours soit organisé en Arabie saoudite par le représentant national pour choisir celle qui ira au Mexique. Et aucun concours n'y est programmé pour l'instant. "Nous ignorons la raison pour laquelle (Rumy Qahtani) a annoncé sa candidature, mais si elle veut participer au concours en Arabie saoudite, elle devra passer par le même processus de sélection que toutes les autres candidates", déclare Maria Jose Unda. 

Nous sommes toujours en train de négocier, et j'espère que cela aboutira à une fin heureuse. Rumy Qhatani, mannequin

Dans sa maison à Ryad, où elle vit avec sa mère et sa sœur, Rumy al-Qahtani maintient avoir été approchée par les organisateurs du concours. "Le comité de Miss Univers m'a contactée pour représenter l'Arabie saoudite (...). Nous sommes toujours en train de négocier, et j'espère que cela aboutira à une fin heureuse", affirme-t-elle à l'AFP.

Rumy Qahtani rappelle avoir déjà participé à plusieurs concours de beauté au Moyen-Orient et en Europe, affichant sur les réseaux sociaux les écharpes qu'elle dit avoir obtenues lors de ces compétitions, comme Miss Saudi Arabi, Miss Arab Peace ou même Miss Moyen-Orient.

(Re)voir la vidéo A vrai dire : Les Saoudiennes peuvent-elles s'habiller comme elles veulent ?

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Critiquée chez elle

Dans son pays, la mannequin a dit avoir fait face à des critiques, notamment après s'être affichée enveloppée du drapeau saoudien, "Il y a eu des commentaires négatifs alors que de nombreux sportifs se prennent en photo avec le drapeau de la même manière". "Dans les concours de beauté aussi, chaque fille porte le drapeau de son pays, je n'ai pas du tout voulu être offensante", ajoute-t-elle.  

Je lui dis toujours de continuer, et qu'elle a parcouru un long chemin pour une Saoudienne. Fawzia Ayed, mère de Rumy Qahtani

Elle raconte aussi avoir dû répondre à des questions parfois inattendues sur l'Arabie saoudite, notamment celle d'une concurrente européenne qui lui a demandé si elle avait des barils de pétrole chez elle... 

Face aux critiques, sa mère l'encourage à poursuivre sa voie. "Je lui dis toujours de continuer, et qu'elle a parcouru un long chemin pour une Saoudienne", confie Fawzia Ayed, "Rumy a encouragé beaucoup de filles".

Un régime en quête d'image positive

La participation de l'Arabie saoudite à ce concours de beauté international, si elle se confirme, s'inscrirait dans la volonté du royaume d'adoucir son image, pour séduire touristes et investisseurs. Berceau du wahhabisme, une interprétation puritaine de l'islam, le régime a lancé depuis quelques années, sous le jeune prince héritier Mohammed ben Salmane, des réformes sociétales, allégeant des restrictions imposées aux femmes et ouvrant son économie aux divertissements.

 

Le premier exportateur mondial de pétrole a longtemps été associé à la répression des femmes en raison des règles très strictes qui leur étaient imposées, comme l'interdiction de conduire et l'obligation de porter l'abaya et le voile. Si ces restrictions ont été levées il y a quelques années, la loi sur le statut personnel, entrée en vigueur en 2022, comporte encore de nombreuses dispositions discriminatoires à l'égard des femmes. 

Début 2024,  le régime saoudien s'est retrouvé au coeur d'une polémique en prenant la présidence de la Commission de la condition des femmes à l'ONU. Le pays reste l'un des pires de la planète où être une femme. Au rang mondial des inégalités entre les sexes, l'Arabie saoudite pointe à la 131e place sur 146 pays.

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