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"J'aime regarder les filles marcher sur la plage", répète en boucle un certain Patrick Coutin dans ce tube des années 1980.
Ici, le problème, ce sont ces hommes qui regardent les filles, sous leurs jupes, sans leur demander la permission... dans la rue, le bus, le métro, ou depuis le bas des escalators. Cela porte désormais un nom : le "Upskirting". Un phénomène qui a pris de plus en plus d'ampleur au cours de ces dernières années, au gré des progrès technologiques et surtout grâce, ou plutôt à cause des caméras intégrées de plus en plus perfectionnées dans les téléphones mobiles.
Sur les réseaux sociaux, et Twitter en particulier, les femmes qui en ont fait les frais sont nombreuses à témoigner.
A ce pervers qui a glissé son telephone sous mon siege, dans le train, pour mieux prendre des photos sous ma jupe #balancetonporc
— Maya (@Mayaaaathebee) 17 octobre 2017
Consensus en CMP sur le projet de loi contre les violences sexistes & sexuelles
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 23 juillet 2018
verbalisation harcèlement de rue
prescription rallongée >30ans
condamnation renforcée pour les crimes sur mineurs et -de 15 ans
photos «upskirting » = délit#Egalité #grandecauseduquinquennat pic.twitter.com/kR9RAdyX7J
La loi sur le sexisme dans l’espace public, votée en 2014, puni ce genre de comportements jusqu'à un an de prison. Depuis l’existence de cette loi, plusieurs plaintes ont déjà été enregistrées.
"Depuis 2016, nous enregistrons une vingtaine de plaintes chaque année pour ces faits de voyeurisme qui entre dans le cadre de la loi, déclare Olivier Slosse, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Ixelles. C’est important que les victimes portent plainte. Pour elle, cela objective le fait qu’elles sont bien victimes d’un acte illégal et c’est aussi important pour nous, parce qu’il y a sous enregistrement de ces faits ; et cela permet aussi d’attirer notre attention sur cela, sur le terrain."
Pour Lætitia Genin de Vie féminine, si la loi est positive, il n’est pas si facile de dénoncer ces cas d’agression : "Le problème majeur, ce sont les conditions pour déposer plainte. Et notamment le fait qu’il faut une preuve de l’agression, ce qui n’est pas toujours simple. Mais ce n’est pas impossible, un témoin des faits constitue déjà une preuve. C’est donc essentiel que les femmes portent plainte car c’est bien une agression sexuelle."
En Angleterre, c'est en plein chaos de Brexit, que les lords ont malgré tout trouvé le temps et la concentration pour voter, mardi 15 janvier 2019, une loi faisant de l'upskirting un délit passible de deux ans de prison. Lors du premier examen du projet de loi, des conservateurs s'étaient élevés contre le texte, visiblement ils ont changé d'avis depuis.
A l'origine du débat outre-Manche, le cas de Gina Martin. La jeune femme a raconté son expérience dans les médias. Photographiée à son insu, lors d’un festival, elle a voulu déposer plainte, mais elle s’est rendu compte que cette agression n’entrait dans aucun cadre juridique.
En 2017, une affaire similaire avait lancé le débat au Grand-Duché de Luxembourg, où un homme sévissait depuis plusieurs années dans les transports en commun. L’affaire a été classée sans suite, la justice luxembourgeoise estimant que cela ne relève pas "de l’attentat à la pudeur, de l’outrage au bonne mœurs ou d’atteintes a la vie privée." La loi sur la vie privée condamne une personne qui en observe une autre se trouvant dans un lieu non accessible au public… donc pas les transports en commun, comme c’était le cas ici. Certain.e.s s'étaient alors élevés contre cette interprétation stricte de la loi .
En Russie, en octobre 2017, une jeune femme avait posté cette vidéo sur les réseaux sociaux, pour dénoncer ces agressions, en soulevant symboliquement sa jupe.
Sur RTL.fr, on apprend que fin juin 2018, un habitant du Wisconsin (États-Unis), âgé de 32 ans s'est rendu à la police. Il avait mis en place un système pour filmer sous les jupes des femmes, en accrochant une caméra à sa chaussure. Seulement voilà, alors qu'il la testait chez lui, la batterie de l'appareil a explosé, lui brûlant le pied. Se confiant à son pasteur, c'est ce dernier qui lui aurait conseillé d'aller se dénoncer. Il a finalement été relâché puisqu'il n'avait pas encore pu commettre ses méfaits. Ailleurs dans le pays, comme on le voit plus haut à Boston, des individus sont régulièrement interpellés pour ce délit.
Man accused of taking ‘upskirting’ photo arrested https://t.co/Yy1Nxedt5j pic.twitter.com/Zp8ZXmwWk8
— WCVB-TV Boston (@WCVB) July 24, 2018
(Un homme accusé de upskirting arrêté à Boston)
En Corée du sud, une manifestation a rassemblé 22 000 personnes en juin 2018, dénonçant la vente de "molka", caméra d'espionnage utilisée pour filmer les femmes à leur insu. Une pétition a recueilli plus de 200 000 signatures pour demander une application plus stricte de la loi.
Le « upskirting » trouve son origine dans une forme d’érotisme, voire de pornographie baptisée le « upskirt » (« sous la jupe », en argot anglais) qui existe depuis qu'est apparue la minijupe.
Un "angle" de représentation de la femme, voire de la très jeune fille, très commun dans la littérature manga. Dans ces bande-dessinées asiatiques, il est assez courant d'y retrouver des écolières très courtement vêtues, et laissant apercevoir leur culotte. Comme le relève, avec regret, Mymy du site Madmoizelle.com.
"J’étais FAN de ce mec. Pourtant, le tome 1 commence… comme ça. (...) Oui, c’est bien notre héros posé au pied d’un escalator, occupé à mater les culottes de lycéennes sous leurs jupes GÊNANT EN 2018", dit-elle en citant son héros préféré, Onizuka, un prof aux allures de voyou...
Qu'on l'appelle "Upskirter", ou voyeur, il reste un agresseur ...