Elle et son équipe, uniquement composée de femmes, dénoncent une tentative de mainmise masculine sur leur travail.
Si sono dimesse tutte le donne della redazione del mensile dell’Osservatore Romano, compresa Lucetta Scaraffia, parlando di "delegittimazione" e "controllo maschile" dopo le inchieste sugli abusi sulle religiose e lo sfruttamento delle suorehttps://t.co/M011SvYw1Q di @ilpost
— Giulia Siviero (@glsiviero) 26 mars 2019
Le mensuel, né en mai 2012 avec la bénédiction du pape Benoît XVI, est un supplément de l'Osservatore Romano, le quotidien officiel du Vatican. Il dispose aussi de versions en espagnol (dans la revue Vida Nueva), en français (dans La Vie) et en anglais (sur internet). Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de La Vie, a annoncé par un tweet, mardi 26 mars, la fin de la collaboration entre son hebdomadaire et le mensuel de Lucetta Scaraffia.
Mon amie Lucetta Scaraffia démissionne du mensuel féminin Donne Chiesa Mundo qu’elle avait fondé au sein de l’Osservatore Romano. Pour @LaVieHebdo cela signe la fin d’une belle collaboration avec ce magazine réformateur logé au cœur même des institutions vaticanes.
— Jean-Pierre Denis (@jeanpierredenis) 26 mars 2019
Elle estime que le quotidien du Saint-Siège empiète sur les sujets traités par son magazine et défend une ligne éditoriale totalement opposée à celle de son supplément.
Lucetta Scaraffia

Si le mensuel féminin s’intéresse à des questions religieuses et théologiques, il a au cours de ses sept années de publication abordé des thèmes plus féministes. Exemple : l'exploitation servile, souvent sans aucune rémunération, des religieuses. L'enquête publiée en mars 2018 avait déjà fait trembler les murs de l'institution.
En février dernier, en plein congrès sur les abus sexuels au sein de l'Eglise, il brise l'omerta en publiant un dossier sur les religieuses violées par des prêtres et la plupart du temps forcées à avorter, puis chassées de leurs communautés. Le pape François lui-même avait quelques jours après, évoqué publiquement ces faits sous forme de mea culpa.
>"Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Église" : une enquête choc qui rompt l'omerta
>Des religieuses américaines en lutte contre le Vatican
La fin d'une expérience inédite au Vatican

De son côté, Andrea Monda, par le biais d'un communiqué, réfute les accusations de Lucetta Scaraffia. Il affirme ne jamais avoir menacé la liberté éditoriale de son magazine et avoir simplement « suggéré » des thèmes à aborder dans le magazine et des personnes à éventuellement impliquer.
#Vatican spokesman @AGisotti says the director of the Vatican newspaper L'Osservatore Romano will not be taking part in Pope Francis' trip to Morocco this weekend, but says his absence is not due to resignations from the newspaper's women's magazine...
— Joshua McElwee (@joshjmac) March 28, 2019

"La Scaraffia", défenseure des femmes au Vatican
Lucetta Scarraffia a plusieurs casquettes. Journaliste, historienne et professeure à l'université de Rome, elle n'a pas toujours été attachée à la religion catholique. Etudiante, elle se spécialise en histoire des femmes. "Soixante-huitarde", marxiste, militante féministe, elle évolue loin de son éducation religieuse avant d'y revenir et de se convertir à la fin des années 1980.
Pour elle, religion catholique et féminisme ne sont pas antinomiques : « L’obsession de la parité ne doit pas conduire à l’indifférenciation. Je suis une féministe de la différence, car c’est d’elle que naît la nouveauté. C’est le christianisme qui a enseigné la parité et a été à l’origine de l’émancipation féminine. »