Vidéo : les femmes gabonaises victimes de violences, parlent de plus en plus

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Reportage TV5MONDE | Y-L. GOMA | Commentaire : P. FÉRUS | Montage : S. ALAYRANGUES
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Est-ce le déclic ?  De plus en plus de femmes violentées au Gabon commencent à parler. La journée contre les violences faites aux femmes du samedi 25 novembre 2017 a été l'occasion de donner un coup de projecteur sur les progrès réalisés sur place pour lutter contre les violences de genres. Témoignages.

Nous l'appellerons... Anna.

À 16 ans, elle est encore une enfant... ou quasiment. Et elle vient avec sa tante raconter son calvaire à l'ODEFPA... C'est une ONG. L'Observatoire des droits de la femme et de la parité. 
Face à elle, la présidente de l'association note tous les détails. La jeune fille raconte qu'elle a été violée alors qu'elle allait faire des courses dans un quartier de Libreville.  Un viol perpétré samedi dernier. Cruelle ironie. C'était précisement la Journée mondiale de lutte contre la violence faite aux femmes...

Agressée par un voisin

Des témoignages comme celui-là, à la clinique juridique de l'ONG, on en reçoit de plus en plus. Nadège est elle, mère de famille. Son mari violent, elle le connaît depuis le lycée. Ils vivent ensemble depuis deux décennies. Elle trouve encore des excuses à son mauvais comportement...
"C'est l'alcool qui est d'abord à l'origine de tous ses problèmes. Même quand il n'a pas bu il est déjà remonté! Il est prêt à m'egorger." indique t-elle sur un ton hésitant.

Plusieurs obstacles avant que ces violences soient jugées. Il faut un certificat médical, puis le dépot d'une plainte et enfin attendre l'ouverture d'une enquête.

Les derniers chiffres faisant l'état des lieux de l'ampleur du fléau datent de 2016. Un combat que s'est approprié Sylvia Bongo Ondimba. Via sa fondation pour la famille, la première dame du Gabon, intervient souvent depuis 2011 sur ce sujet, pour briser la "loi du silence".


En mai 2016, un travail de recherche mené par le Fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA) sur les violences faites aux femmes a été mené dans le pays. Il a été complété par une enquête nationale réalisée par les autorités gabonaises.

Des chiffres particulièrement inquiétants. 52% des femmes gabonaises ont "subi des violences physiques au cours de leur existence", et "21% des femmes ont subi des violences sexuelles au cours de leur vie".

Des chiffres que l'ODEFPA, fort d'une expérience de terrain étalée sur trois décennies confirme. 

Briser l'omertà

Le dernière étude effectuée au Gabon montre que sur 10 cas, "10 femmes, deux d'entres elles au moins ont subi des violences " dit Honorine Nze Biteghe, la présidente de l'organisation. "Soit de coups et blessures, soit des viols, soit un traumatisme psychologique."

Vivre avec ce traumatisme. C'est toute la difficulté. Et si pour échapper à son bourreau, Nadège a pu trouver refuge chez ses parents, Anna vit encore aujourd'hui avec sa famille non loin de son agresseur, qui n'a toujours pas été arrêté.