Violences conjugales en France: les mesures de Marlène Schiappa pour enrayer ce fléau

En France en 2016, 123 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit environ une tous les trois jours. Campagne télévisée, centrale d'aide téléphonique avec un numéro gratuit, le 3919 : la secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa lance une série de mesures concrètes pour lutter contre les violences conjugales. 
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clip campagne contre violences
Une campagne de plusieurs clips a été lancée par le gouvernement dans les médias en France pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
©capturedecran/siteofficielStopviolences
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Faire en sorte que "les femmes partent avant qu'il soit trop tard". Voilà pour résumer l'objectif du plan présenté ce lundi 1er octobre 2018 par Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes en France, qui évoque le  "continuum des violences" subies par les femmes pouvant conduire jusqu'au "féminicide, c'est-à-dire le fait de tuer une femme parce qu'elle est une femme".
Des mesures "concrètes, adaptées à la réalité du terrain" et "issues de discussions avec les femmes, les élus locaux, les travailleurs sociaux, les urgentistes, les associations" pour "lutter contre les violences conjugales", a-t-elle précisé sur les ondes de RTL dont elle était l'invitée.
 

Une victime tous les trois jours en 2016, selon le dernier chiffre connu ce sont 123 femmes qui sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-compagnon cette année-là. "Ce chiffre ne baisse pas et c'est ça qui est terrible pour les pouvoirs publics. Quelque soit la politique publique menée (...) il reste d'une régularité glaçante", a ajouté Marlène Schiappa, sans préciser de chiffre pour 2017.

Un numéro d'appel gratuit : le 3919

Parmi les cinq mesures de ce plan présenté comme "inédit", Marlène Schiappa est revenue sur la campagne de télévision lancée la veille en direction des témoins de violences sexistes et sexuelles et financée à hauteur de 4 millions d'euros.

 

Quand vous êtes témoin d'un cambriolage, vous dénoncez, vous témoignez. Quand vous êtes témoin de violences conjugales, vous devez les dénoncer.
Marlène Schiappa

"Quand vous êtes témoin d'un cambriolage, vous dénoncez, vous témoignez. Quand vous êtes témoin de violences conjugales, vous devez les dénoncer", a-t-elle ajouté, appelant à une "société de la vigilance".

En outre, pour que "100% des appels puissent être répondus", une subvention supplémentaire de 120.000 euros sera attribuée à la fédération qui gère le 3919, numéro d'appel gratuit pour les femmes victimes de violences.

site internet gvt violences sexistes
Stop violences : un site officiel du gouvernement donne des informations pour les victimes, les témoins, les professionnels a été mis en place, on y retrouve aussi les clips de  la campagne contre les violences sexistes et sexuelles.
©capturedecran/stop-violences-femmes.gouv.fr

Astrée, une plateforme de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles pour "faciliter les plaintes", un outil de géolocalisation des places d'hébergement d'urgence, ainsi que de premiers "contrats locaux contre les violences" (partage d'informations entre professionnels et associations) seront également proposés dans les prochaines semaines.

Un plan "com" insuffisant ?

"Parler des violences c’est bien. C’est ce que fait Marlène Schiappa de façon assez répétée mais là encore c’est dommage parce que le gouvernement fait de la communication pour montrer qu’il veut lutter contre les violences faites aux femmes mais c'est insuffisant dans la pratique", nous dit Céline Piques, porte-parole d'Osez Le Féminisme.

On parle de 120.000 euros pour le 3919, c’est une somme dérisoire pour ce qui devrait être la grande cause du quinquennat.
Céline Piques, Osez Le Féminisme

"La plateforme avait déjà été annoncée de même que la géolocalisation. C’est du gadget. On parle de 120.000 euros pour le 3919, c’est une somme dérisoire pour ce qui devrait être la grande cause du quinquennat. C’est bien que le 3919 puisse embaucher trois écoutantes mais c’est le strict minimum", ajoute la militante qui regrette aussi le manque "criard" de places d'hébergement pour les femmes battues, "Ou vont-elles  lorsqu’elles décident de quitter leur foyer ?". Et de rappeller ces quelques chiffres : "le secrétariat d’état à un budget de 29 millions d’euros soit 0,007 pour cent du budget de l’Etat pour 225 000 femmes victimes de violence physiques et 84.000 femmes violées chaque année en France. On n’y arrivera pas avec 0,007 pour cent du budget."

"Arrêtons de faire de la communication et faisons un vrai plan plutôt que de multiplier les annonces en recyclant des mesures déjà annoncées il y a quelques mois. Ici, on parle de miettes pour les droits des femmes", lance-t-elle à l'adresse de la secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes.

Muriel Robin porte-voix des victimes

La comédienne bien connue sur la scène des comiques français.e.s pour ses "one woman show",  Muriel Robin s'est lancée dans le combat contre ces violences. Il y a une semaine, elle signait une tribune dans la presse, assortie d'une pétition pour que les victimes de violences conjugales "ne meurent plus dans l'indifférence totale".


On a toutes été, à un moment ou à un autre, maltraitées dans une relation.
Muriel Robin

"On a toutes été, à un moment ou à un autre, maltraitées dans une relation",  a-t-elle déclaré dans cet entretien accordé à l'hebdomadaire Paris Match " Bien sûr, mais je n’ai jamais reçu de coups. La violence peut aussi être verbale (...) Les hommes savent très bien quand ils s’adressent à une femme qui n’a pas une grande estime d’elle-même. Ce qui a longtemps été mon cas", confie-t-elle.

L'humoriste appelle à un rassemblement ce samedi 6 octobre 2018 à Paris.


Muriel Robin incarne le rôle de Jacqueline Sauvage dans un téléfilm diffusé sur la chaîne TF1. Elle avait fait partie des premières signataires appellant à la grâce de Jacqueline Sauvage.