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Violences conjugales : intervenante sociale, une mission essentielle pour l'aide aux victimes

Accompagner moralement les victimes de violences domestiques, prendre le temps de les écouter, de trouver les contacts qui les aideront à s'en sortir. Telle est la mission d'Isabelle Gentil, intervenante sociale en marge du travail de la police et de la justice. Reportage dans le 10ème arrondissement de Paris.
"Je traverse des moments très durs, très compliqués, explique une victime de violences conjugales. Menacée de mort par son ex-conjoint, elle a déposé plainte et doit maintenant mettre en place une ordonnance de protection pour rester en sécurité avec son enfant. Du début à la fin de la procédure, Isabelle Gentil, intervenante sociale au commissariat du 10e arrondissent de Paris, l'accompagne, l'écoute, la conseille, l'oriente : "Elle est toujours là, elle trouve les mots justes, me réconforte. Elle m'apporte beaucoup d'aide, elle est très humaine. Elle me fait beaucoup de bien," confie la victime, d'une voix lasse, mais soulagée.

Un maillon indispensable

Dès que les policiers interviennent pour des violences domestiques, ou lorsqu'une femme porte plainte, Isabelle Gentil est informée et, quelques jours plus tard, prend contact avec la victime. En temps de confinement et de couvre-feu, son rôle acquiert encore une autre dimension face à l'isolement que les victimes ressentent avec toujours plus d'acuité. Le lien qui se crée alors entre les femmes et l'intervenante sociale devient alors d'autant plus crucial : "Nous avons accès à un public qui, habituellement, ne sollicite pas les services sociaux classiques. Il faut aussi accompagner le cheminement psychique de la victime, prendre le temps, même après une procédure pénale, de la réorienter, de continuer à la suivre et à l'aider à trouver les bons interlocuteurs."

Les policiers se sont vite rendu compte de l'aspect positif de l'action d'une intervenante sociale.
Commissaire Simon Ginesty

Un rôle à développer

Dans le commissariat du 10ème arrondissement de Paris, l'arrivée d'Isabelle Gentil était attendue. Missionnée en mai 2020 par la Ville de Paris, l'intervenante sociale offre une prise en charge des victimes qui s'inscrit en complément au travail pénal des policiers : "C'est quelque chose d'assez inédit, ici, puisque les policiers ont souvent l'habitude de travailler en vase clos. L'accueil de l'intervenante sociale s'est fait naturellement et rapidement. Les policiers se sont vite rendu compte de l'aspect positif que son action pouvait avoir pour eux, à la fois dans les enquêtes, mais aussi pour la prise en main et l'aide aux victimes. Il faudrait développer ce rôle et l'étendre à toutes les victimes qui viennent nous voir," explique le commissaire Simon Ginesty.

En février 2021, 350 intervenantes sont réparties dans toute la France, dont 70 postes créés cette année dans le cadre du plan de lutte contre les féminicides mis en place à la suite du Grenelle des violences conjugales, en septembre 2019.

Stade ultime des violences subies par plus de 200 000 femmes par an en France, les féminicides ont connu en 2019 une forte augmentation, avec 146 décès recensés (25 de plus qu'en 2018). Et puis en 2020, ce bilan est tombé à 90, un chiffre au plus bas depuis la mise en place de statistiques, il y a 15 ans. La baisse des féminicides tient à la fois au regard que la société toute entière porte sur ces violences et crimes domestiques et aux moyens mobilisés pour lutter contre ces violences - bracelets électroniques anti-rapprochement, ordonnances d'éloignement, saisie systématique des armes des conjoints violents...