Fil d'Ariane
Dès que les policiers interviennent pour des violences domestiques, ou lorsqu'une femme porte plainte, Isabelle Gentil est informée et, quelques jours plus tard, prend contact avec la victime. En temps de confinement et de couvre-feu, son rôle acquiert encore une autre dimension face à l'isolement que les victimes ressentent avec toujours plus d'acuité. Le lien qui se crée alors entre les femmes et l'intervenante sociale devient alors d'autant plus crucial : "Nous avons accès à un public qui, habituellement, ne sollicite pas les services sociaux classiques. Il faut aussi accompagner le cheminement psychique de la victime, prendre le temps, même après une procédure pénale, de la réorienter, de continuer à la suivre et à l'aider à trouver les bons interlocuteurs."
Les policiers se sont vite rendu compte de l'aspect positif de l'action d'une intervenante sociale.
Commissaire Simon Ginesty
Dans le commissariat du 10ème arrondissement de Paris, l'arrivée d'Isabelle Gentil était attendue. Missionnée en mai 2020 par la Ville de Paris, l'intervenante sociale offre une prise en charge des victimes qui s'inscrit en complément au travail pénal des policiers : "C'est quelque chose d'assez inédit, ici, puisque les policiers ont souvent l'habitude de travailler en vase clos. L'accueil de l'intervenante sociale s'est fait naturellement et rapidement. Les policiers se sont vite rendu compte de l'aspect positif que son action pouvait avoir pour eux, à la fois dans les enquêtes, mais aussi pour la prise en main et l'aide aux victimes. Il faudrait développer ce rôle et l'étendre à toutes les victimes qui viennent nous voir," explique le commissaire Simon Ginesty.
En février 2021, 350 intervenantes sont réparties dans toute la France, dont 70 postes créés cette année dans le cadre du plan de lutte contre les féminicides mis en place à la suite du Grenelle des violences conjugales, en septembre 2019.
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Stade ultime des violences subies par plus de 200 000 femmes par an en France, les féminicides ont connu en 2019 une forte augmentation, avec 146 décès recensés (25 de plus qu'en 2018). Et puis en 2020, ce bilan est tombé à 90, un chiffre au plus bas depuis la mise en place de statistiques, il y a 15 ans. La baisse des féminicides tient à la fois au regard que la société toute entière porte sur ces violences et crimes domestiques et aux moyens mobilisés pour lutter contre ces violences - bracelets électroniques anti-rapprochement, ordonnances d'éloignement, saisie systématique des armes des conjoints violents...
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