Ketella Soroko se définit comme féministe “au quotidien”. La jeune femme, étudiante en droit en France a fondé son association “Le réseau” en début d’année. Le groupe de bénévoles vient en aide aux victimes de violences conjugales. Pour l’association, le constat est alarmant : “la protection du conjoint est le dénominateur commun des victimes qui viennent à nous. Elles se soucient avant tout de la réputation de leurs familles. Alors pour faire face aux agressions au sein de leur foyer, nous les accompagnons dans leurs démarches” précise Ketella Soroko. La militante déplore le manque de relais pour mettre en place une protection, une aide juridique et un suivi pour des victimes.
Le silence
Les femmes africaines s’adressant à l’association se livrent aux bénévoles en toute confidentialité. Elles sont assistées dans leurs démarches juridiques et bénéficient d’un suivi médicale. “Les femmes nous parlent d’agressions sexuelles, de viols, de violences physiques. Elles s’ouvrent et cela constitue une première étape pour les sortir de cette situation. Le but de notre association est, dans un premier temps, de recueillir leur parole.” souligne Ketella Soroko.Ketella Soroko
“Les jeunes dénoncent les inégalités”
La jeune étudiante en droit, assoiffée de justice sociale a emboîté le pas à #jesuisunevictime. Ce hashtag et sa résonance à travers les pays francophones a été un déclencheur pour Ketella Soroko. D’après elle, “casser” les clichés et les attentes de la société autour de la femme noire ne peut se faire sans une remise en question individuelle et collective. “Nous avons lancé le hashtag #rééduquonsnous, il s’adresse aux jeunes générations. Notre objectif est d’entamer une réflexion sur les mentalités africaines et ainsi de repartir sur de nouvelles bases où la femme et l’homme ont les mêmes droits. Se rééduquer débute par s’extraire de certaines traditions et s'accompagne également d'un processus de déconstruction.” affirme Ketella Soroko.
Ketella Soroko
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