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« J’ai vécu un calvaire durant cette relation. Je me suis convaincue que ma parole n'avait pas de valeur, que je n’étais pas légitime », confie Capucine. Entre ses 15 et ses 18 ans, ce n’est pas une histoire d’amour qu’a vécue la jeune femme aujourd'hui âgée de 21 ans. Victime de violences psychologiques, physiques et sexuelles, elle a été bousculée, pincée, insultée, forcée à avoir des rapports sexuels, coupée de son entourage par celui qui était à l’époque son « copain ». Autant de raisons qui l'ont poussée à témoigner aujourd'hui dans le cadre de cette enquête menée par l'association En avant toute(s)- qui tient notamment un tchat pour venir en aide aux adolescent-e-s victimes de violences sexuelles- et la newsletter féministe et compte instagram Les Petites Glo.
Les chiffres de l’enquête réalisée auprès de 3127 jeunes entre 12 et 24 ans sont éloquents : près d’une répondante hétérosexuelle sur deux a déjà été insultée par son compagnon, et 46 % des femmes hétérosexuelles interrogées disent avoir déjà été rabaissées au cours d’une relation par des attitudes ou des phrases méprisantes.
« La banalité de l’insulte ne réduit en rien sa gravité. Au contraire, c’est même la porte ouverte à des violences plus graves », explique Louise Delavier, porte-parole d’En avant toute(s). L’humour, la romantisation des violences et leur banalisation contribuent à leur installation, puis la dégradation de la relation peut conduire jusqu’à des actes relevant du pénal. Ainsi, la peur que leur partenaire ne les quitte ou ne les aime plus a déjà poussé une jeune femme sur deux à avoir un rapport ou une pratique sexuelle non désirés.
La représentation des violences, souvent centrée sur les violences physiques ou sur des femmes plus adultes, peine à faire le portrait de ce que peuvent vivre les plus jeunes. Leur repérage est donc rendu plus difficile, pour les victimes elles-mêmes comme pour leur entourage. « Sur le tchat Commentonsaime.fr, on a tous les jours des personnes qui nous disent “je ne sais pas si j’ai le droit d’être là parce que je ne subis pas de violences physiques ; parce que je suis jeune…“ et on se rend compte que le manque de représentation de ces violences conduit à se sentir extrêmement illégitime et donc à ne pas aller chercher d’aide », explique Louise Delavier.
« Beaucoup de proches ou des profs qui l’ont su après m’ont dit “mais c’est fou, t'étais une élève brillante, toujours agréable, on n’aurait jamais deviné que tu pouvais vivre ça”. Et c’est sur ça qu’il faut insister parce que la plupart du temps, les personnes qui sont dans ces situations là, ça ne se voit pas, ce n’est pas écrit sur leur visage qu’elles sont victimes de violences », complète Capucine.
Des violences mal reperées mais aussi généralement peu prises au sérieux. « Je reçois énormément de commentaires de personnes plus âgées qui délégitiment ce que j’ai vécu en me disant “mais non t’étais jeune, ce sont des chamailleries d’adolescents“ », constate Capucine, avant de poursuivre : « Si j’avais eu un outil tel que le tchat Commentonsaime.fr, j’aurais mieux su reconnaître les violences, comprendre que la situation n’était pas normale, et trouver du soutien. » Alors que 62% des jeunes filles ayant subi une forme de violence sexiste ou sexuelle au sein de leur couple déclarent n'en avoir parlé à personne, le repérage, l’accompagnement et l’écoute restent des étapes à mettre en place.
Utilisé par plus de 4 500 personnes en 2021, Commentonsaime.fr est le premier tchat de France dédié à l’accompagnement des jeunes femmes et personnes LGBTQIA+ victimes de violences sexistes et sexuelles.