Les deux militaires condamnés pour viol par la cour de Goma sont un lieutenant-colonel, qui écope d'une peine de perpétuité, et un caporal condamné à dix ans de prison ferme.
Un sous-officier a été condamné à perpétuité pour meurtre. Il était également poursuivi pour viol mais a été acquitté de ce chef d'accusation, tout comme 22 sous-officiers ou soldats, qui ont été condamnés néanmoins à des peines de 10 ans ou 20 ans de prison pour "violation des consignes, pillages et dissipation de munitions".
Une justice aux ordres
Aucun des quatorze officiers subalternes et supérieurs qui étaient poursuivis pour manquement à leur devoir n'a été condamné. Le tribunal a fait valoir globalement qu'ils avaient été relevés de leur commandement quarante-huit heures avant que ne commencent les faits jugés et qu'ils ne pouvaient donc pas rendre des comptes sur ce qui s'était passé à Minova.
D'une manière générale, sur la question des viols, la cour a estimé qu'elle n'avait pas eu suffisamment de preuves permettant de conclure à la responsabilité individuelle de la quasi-totalité des accusés. Avocat du collectif des victimes, Me Jean-Claude Zozo s'est affirmé "navré" par cette décision de la justice. "Pour la cour, il n'y a pas eu de viols à Minova", a-t-il déploré.
Reconnaissant "les efforts engagés pour mener le procès à son terme", la Mission de l'ONU en RDC (Monusco) a indiqué dans un communiqué qu'elle analyserait "avec attention les motivations" de la cour. Scott Campbell, directeur du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'Homme à Kinshasa, a estimé que le procès s'était "déroulé d'une manière normale" mais a regretté que le jugement de la cour soit sans appel, "en contradiction avec la Constitution de la RDC et les normes internationales". M. Campbell a également dit être "surpris" que la Cour n'ait pas pu établir davantage de responsabilités, en particulier au niveau des officiers.
Sur ce point, Simon Mukenge, de la Lutte pour le changement (Lucha), mouvement citoyen basé à Goma, a déploré une justice à deux vitesses : "La cour militaire opérationnelle nous semble être surtout la cour des caporaux".
Selon
un rapport des Nations unies publié début avril 2014, les viols et les violences sexuelles en RDC "demeurent un problème très sérieux qui a fait des milliers de victimes [...] au cours des quatre dernières années", surtout dans l'Est, où l'armée affronte encore de nombreux armés. En dépit de "progrès", estime l'ONU, le viol reste "largement impuni" dans le pays.