C'est une histoire triste à pleurer, de celle qui ne devrait pas accompagner une nouvelle année. L'histoire d'une famille indienne pauvre, dont le "chef" de famille est chauffeur de taxi, et qui décide, en juillet 2013, pour améliorer la condition de vie des siens de s'exiler de sa ville natale de Bihar, pour gagner Kolkata (on disait Calcutta du temps de la colonisation britannique), 500 kms plus à l'Est. Et se fondre parmi les 16 millions d'habitants de la mégalopole.
Fin octobre, tout bascule, avec le viol de leur fille de 16 ans, par un gang, à quelques mètres de leur nouveau domicile. Au crime s'ajoute la honte inversée, le harcèlement des criminels et de leurs alliés qui
persécutent à coup de menaces et d'injures leur victime et sa famille.
La famille déménage. Mais la jeune fille ne peut surmonter l'opprobre, et le 23 décembre 2013, elle se transforme en torche, alors que l'Inde s'apprête à commémorer le premier "anniversaire" de la mort et du viol collectif d'une étudiante de New Delhi, le 28 décembre 2012, dans un autobus de la capitale. Des manifestations monstres (jusqu'aux émeutes) avaient suivi, les associations féministes s'étaient mobilisées, des lois avaient été votées pour renforcer protection des femmes et sanctions des coupables, des moyens de lutte citoyens organisés y compris par l'humour.
En vain, semble-t-il dans ce qu'il convient d'appeler toujours la plus grande démocratie du monde. Une femme y est violée toutes les vingt minutes... En toute impunité et avec la complicité passive de la police.