Enfin, l'Europe en crise a quelque chose à montrer, quelque chose dont elle peut être fière : ses conseils d'administration, de plus en plus féminisés. Les chiffres varient selon les études, mais selon celle rendue publique à la mi-novembre par l'institut de recherche américain Globe Women, l'Europe avance à pas de géants. Globe Women, dans son « Corporate Women Directors International », met en particulier la France à l'honneur. L'Hexagone a en effet enregistré la progression la plus marquée du nombre de femmes dans les conseils d'administration des grandes sociétés cotées incluses dans le classement Fortune Global 200, avec un pourcentage passé de 7,2% en 2004 à 20,1% en 2011. Les quotas donnent de l'avance aux sociétés Et Globe Women de souligner que les quotas sont bien à l'origine de cette « percée » du plafond de verre. Sur les 200 sociétés étudiées, 36 basées dans des pays où des quotas sont en vigueur affichent un pourcentage de femmes dans les conseils d'administration plus élevé (16,1%) que la moyenne de l'ensemble (13,8%). « Alors que la crise fait rage, ces sociétés sont en avance », déclare ainsi Irène Natividad, en charge de Corporate Women Directors International. Initié par la Norvège, le mouvement de féminisation des conseils d'administration a fait tache d'huile en Europe : l'Espagne, la France, les Pays-Bas, l'Islande, l'Italie, la Belgique ont adopté des dispositifs allant dans ce sens. Pour des raisons culturelles, sans doute. Non seulement la vieille Europe était (et est encore....) machiste, mais en outre, l'idée que l'Etat doit agir dans la société civile est très répandue, en particulier en ce qui concerne l'activité économique. A l'inverse des pays anglo-saxons. Les anglo-saxons toujours réfractaires Pourtant, le débat monte également dans ces pays, et les recommandations, voire les contraintes, s'y multiplient. C'est ainsi le cas de l'Australie, qui a requis des engagements en faveur de la diversité auprès des entreprises cotées. Résultat, le pourcentage de femmes siégeant aux conseils d'administration est passé de 8,3% en 2010 à 11,7% actuellement. Reste les autres pays anglo-saxons, qui plafonnent, faute de contraintes assez fortes. Ainsi, selon une étude de janvier 2011 du cabinet Deloitte, le Canada n'affiche que 12,5% d'administratrices dans l'échantillon étudié, le Royaume Uni n'en compte également que 12,5% dans les sociétés de l'indice FTSE 100 et les Etats-Unis 15,2% des Fortune 500. Loin, très loin, des 34% de la Norvège...
Lysiane J.Baudu
Ancienne grand reporter à La Tribune, Lysiane J. Baudu a rencontré, pendant ses 20 ans de journalisme international, des femmes du monde entier.
Ces "rencontres" feront l'objet de billets, qui lui permettront de faire partager ses impressions, ses analyses, son ressenti au contact de ces femmes, dont l'action professionnelle fait sens pour toutes les autres, de même que pour la société.