Les chiffres sont têtus : que ce soit en français ou en anglais, plus ou moins 90% des contributeurs de wikipedia sont des hommes. Ce
gender gap, comme disent brutalement les anglosaxons, c’est à dire déséquilibre entre les sexes, traverse aussi les donateurs (Wikipedia fonctionne en effet grâce aux dons des internautes), puisque les 4/5ème d’entre eux sont des hommes. Le fossé se resserre un peu parmi
les utilisateurs, mais reste conséquent : 68% des internautes francophones sont du genre masculin et seulement 30% du féminin (pour une répartition presque paritaire 51/49% des internautes en France, par exemple). Ces « mauvaises » proportions se retrouvent aussi du côté des sujets disponibles dans l’encyclopédie : des milliers d’articles sur des logiciels (écrits par 97% d’hommes…), très peu sur l’histoire des femmes, ou même des modes de vies, thèmes prétendument plus féminins… De la neutralité des contenus Dès son lancement en 2001, les initiateurs du projet constatent que les « commandes » sont prises d’assaut par des hommes, plutôt jeunes (entre 16 et 40 ans pour 2/3 des « acteurs »), et les débats vont bon train sur ce sujet, surtout du côté de la planète anglo-saxone. En France, en revanche, la discussion reste quasi inexistante parmi la communauté des Wikipediens : « on se disait que ce fossé entre les contributeurs et les contributrices n’était pas grave, puisque nous produisions des contenus neutres », se souvient
Adrienne Alix, directrice de Wikimédia France. Arrivée à ce poste en 2006, elle raconte tout de même que pendant longtemps, les collaborateurs (virtuels) avec lesquels elle travaillait ou échangeait, pensaient avoir à faire à un homme : « J’avais pris un pseudonyme un peu ambivalent, Serein, le nom pour moi, avant d’être un adjectif, d’une petite rivière de Bourgogne ; et même si je ne cachais pas mon sexe, que j’accordais tous mes verbes au féminin, la plupart de mes interlocuteurs pensaient que j’étais un homme… »