Fil d'Ariane
Des maires du monde entier, des cheffes d'entreprise, des chercheuses, des artistes, des inventeuses se réunissent en conférence pour aborder le changement climatique sous un prisme plus féminin, voire féministe. Car non, le réchauffement de la planète n'est pas équitable : il touche d'abord les minorités, les plus pauvres, les personnes âgées, les enfants... et les femmes. Ce sont elles qui en souffrent le plus comme le soulignent les études présentées, et cela n'a rien de biologique !
Ainsi pendant la canicule de 2003 en France, les femmes représentaient 70 % des décès, après l'ouragan Katrina aux États-Unis les deux tiers des emplois perdus les concernaient. 90 % des réfugiés climatiques sont des femmes qui en outre "ont plus de risques d'être victimes de violences domestiques et sexuelles après une catastrophe naturelle" comme le rappelle Laurence Tubiana, directrice de la fondation européenne pour le climat.
Women4Climate (ndlr : les Femmes pour le Climat en français) est une émanation du C4O qui rassemble plus de 90 des plus grandes villes du monde pour prendre des mesures en faveur du climat. Ce groupe, présidé par la maire de Paris Anne Hidalgo, représente plus de 700 millions de citoyens et un quart de l'économie mondiale. Les maires du C40 se sont engagés à atteindre les objectifs les plus ambitieux de l'Accord de Paris pour le climat.
"Le but de Women4Climate c'est de partager nos expériences en politique, dans les entreprises, dans les milieux activistes mais aussi de rendre visibles celles qui sont à la pointe de l'action climatique : des dirigeantes aux chercheuses en passant les jeunes militantes, et de les mettre en contact pour favoriser l'aboutissement des projets", explique Caterina Sarfatti, à la tête de l'action climatique inclusive du C40.
Ainsi la voiture en ville est essentiellement l'apanage des "hommes blancs quadras et quinquas". Le partage d'expériences de Women4Climate favorise par exemple l'emploi des femmes et diminue les émissions de gaz à effet de serre en multipliant les systèmes de vélo partagé dans les villes. A Mexico, beaucoup de femmes boudent les transports en commun pour des raisons de sécurité : le développement et la promotion de bicyclettes en libre service répond à leurs difficultés d'accéder à leur lieu de travail.
Un programme de mentorat permet aussi des avancées concrètes. Une Parisienne qui milite pour la mise en place d'un label pour les restaurants durables collabore désormais avec une Montréalaise engagée dans un réseau d'épiceries zéro déchet, ensemble elles travaillent sur la restauration durable à la maison et en dehors.
Concrètes aussi, les bourses remises aux deux lauréates du Women4Climate Tech Challenge, un concours mondial de solutions climatiques innovantes imaginées par des femmes. Cette année, c'est la Française Elodie Grimoin et l'Israélienne Inna Braverman qui l'emportent.
La première a présenté Urban Canopee, un prototype de végétalisation de l'espace urbain là où on ne peut planter des arbres, ce qui permet à la fois de purifier l'air et de rafraîchir l'atmosphère citadine, le projet sera expérimenté à Paris. La seconde est récompensée pour EcoWavePower une technologie innovante d'extraction de l'énergie des vagues pour la convertir en électricité.
Au fil des ans, Women4Climate devient un rendez-vous incontournable pour les messagères de l'action contre le dérèglement climatique, et contribue par la même occasion à la réduction des inégalités femmes-hommes.
La vidéo de la conférence (en anglais!)