Fil d'Ariane
Pour l'édition 2019 de ce qui est le premier événement culturel dématérialisé au monde, un nouveau hashtag est né : #WomenInCulture. Objectif : mettre en lumière des femmes dans tous les domaines de la création artistique et culturelle, et créer des liens et des interactions entre elles.
#MuseumWeek2019 Lancement du #WomeninCulture pour valoriser les «femmes de Culture» ➡ https://t.co/ZQ7SemSNdR pic.twitter.com/feQtKl1hjU
— News Tank Culture (@NewsTankCulture) May 15, 2019
Dès la première journée, #WomenInCulture a été mentionné à 43 000 reprises sur les réseaux sociaux dans le monde. Ce 17 mai, journée de clôture de la "semaine des musées", ces mots-dièses ont déclenché plus d'un million et demi d'interactions par plus de 53 000 auteurs uniques. "Il n'y a qu'une explication à une telle réussite, explique Benjamin Benita, à l'origine de cet événement, c'est que nous sommes relayés par toutes les grandes institutions culturelles dans le monde." 500 musées de tous les continents participent.
Tout au long de la semaine, les thèmes de la MuseumWeek se sont prêtés à l'intersection avec #WomenInCulture :
Pour la journée d'inauguration, qui se tenait au musée de l'Immigration, à Paris, en présence de la Secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, c'est l'artiste britannique d'origine ghanéenne Adelaide Damoah qui donnait le coup d'envoi, avec un clin d'oeil aux femmes-pinceaux du peintre Yves Klein : elle s'est peint le corps en bleu et, sur une bâche blanche, s'est faite à la fois artiste et pinceau.
Voir cette publication sur InstagramUne publication partagée par BenjaminBenita (@benjamin.benita) le 14 Mai 2019 à 2 :55 PDT
Et puis les événements se sont enchaînés : un live entre la designeuse afghane Zolayakha Sherzod à Paris et l'artiste numérique Drue Kataoka, installée dans la Silicon Valley, en Californie, amorce un dialogue sur l'identité ; un photowalk au MoMa de New York pour mettre en lumière les femmes artistes ; un concert au musée national de la République à Brasilia avec un orchestre 100% féminin. En France, le Château du Rivau explore le féminin chez Léonard de Vinci, tandis qu'au Château de Montsoreau, on a planché toute la semaine pour écrire des articles Wikipedia de femmes dans la culture.
Sans les femmes, pas d'humanité, et l'humanité, c'est la culture.
Angélique Kidjo
De nombreuses artistes de renom sont venues apporter leur soutien et leur participation au mouvement #WomenInCulture, comme la chanteuse béninoise Angélique Kidjo : "Pour que la nouvelle génération s'épanouisse aussi dans la création. Pour que la culture servent à l'empouvoirement des femmes, à raconter notre histoire. Sans les femmes, pas d'humanité, et l'humanité, c'est la culture."
La musicienne et productrice franco-israélienne Yaël Naïm croit aux vertus de l'exemple, donné par celles qui ont pu percer : "Les femmes sont plus légitimes dans des rôles de chanteuses ou interprètes. Compositrices ou productrices sont considérées comme de douces rêveuses davantage que comme des visionnaires. Celles qui ont la voix et le pouvoir d'initier le changement doivent montrer l'exemple."
L'Afrique, qui reste un terrain en friche en matière d'offre culturelle, s'est tenue en retrait du lancement de #WomenInCulture, comme le montre la carte des tendances de ce 13 mai :
La franco-Béninoise Marie-Cécile Zinsou est historienne de l'art et présidente de la fondation Zinsou, créée en 2005 à Cotonou. En 2014, elle inaugurait le premier musée d'art contemporain du Bénin, avec une équipe à grande majorité féminine : "pour que la création contemporaire en Afrique ne soit plus seulement montrée à New york ou à Paris, explique-t-elle. Parce que les femmes sont en train de faire changer la donne sur le continent." Ralliée au mouvement #WomenInCulture, elle explique à Alexia Guggémos dans cette interview qu’aujourd’hui, en Afrique, ce sont les femmes qui font la culture :
Cette année, l'ambition de Benjamin Benita, fondateur du mouvement et coordinateur de la #MuseumWeek, va au-delà de l'événement : "Cette fois, pas question de se cantonner à une journée, pour passer à autre chose le lendemain. Le moment est venu de générer un mouvement planétaire avec des ondes de choc durables - un peu comme l'a été #MeToo."
Benjamin Benita est convaincu de la nécessité d'une action ferme en faveur des femmes : deux ans à l'Unesco ont changé la vision qu'il avait des choses : "Seulement 44 % des pays dans le monde s'engagent fermement pour une politique d'éducation égalitaire. Autrement dit, pour les autres, ce n'est pas une priorité. Or même une femme au foyer doit avoir accès à l'instruction." Le savoir est une chose ; le voir, c'est différent. "Avant, les élans féministes me faisaient un peu peur. Ma prise de conscience s'est faite au fil du temps, et pas forcément pendant les réunions de travail. De discussions en découvertes, on comprend à quel point il est difficile pour les filles d'aller à l'école. Moi j'ai une fillle de 6 ans. Cela me choque !"
Pour péréniser le mouvement, explique Benjamin Benita, des rendez-vous sont pris pour les mois qui viennent avec nos partenaires, comme le New York Times ou le Grand Palais, ou via la labélisation d'autres expositions de par le monde.
Qui connaît ces quatre femmes qui, en Allemagne, participèrent, aux côtés de 57 hommes, à l'élaboration de la "loi fondamentale" ? Un texte qui, aujourd'hui encore, fait office de Constitution de l'un des plus grands pays d'Europe.
In 1948/49 four women – Helene Wessel, Helene Weber, Friederike Nadig and Elisabeth Selbert – work out the Basic Law, in German called #Grundgesetz, with 61 colleagues in the Parliamentary Council. #MuseumWeek #WomenInCulture #HausDerGeschichte pic.twitter.com/VUz3jWFGgB
— Haus der Geschichte (@hdg_museen) 13 mai 2019
#WomenInCulture est aussi l'occasion de mettre en lumière celles qui oeuvrent dans l'ombre pour soutenir les arts. Aristocrates, actrices, artistes, conservatrices, les intérêts des donatrices sont multiples. Qui se souvient de la princesse Mathilde ?
Véritable amatrice d’art, elle pratique elle-même le dessin. Elle donne d'ailleurs en 1865 une aquarelle de sa main "Tête de jeune fille". Elle lègue également d'autres œuvres: son buste en marbre par Jean-Baptiste Carpeaux et 11 tableaux, dont un portrait par Antoine-Jean Gros. pic.twitter.com/pTqiqFZXlS
— Musée du Louvre (@MuseeLouvre) 13 mai 2019
A 96 ans, Wilhelmina Cole Holladay est une grande collectionneuse. Elle est aussi la fondatrice du seul musée au monde dédié à la création fémininne, le National Museum of Women in the Arts, à Washington :
It's #MuseumWeek and today's theme is #WomenInCulture! ... Yeah, we've got this.
— NatlMuseumWomenArts (@WomenInTheArts) May 13, 2019
Our "Rebels with a Cause" gallery celebrates women artists—and the individuals in their art—who have charted their own courses in society and history. Learn more: https://t.co/W0zqVbWpi0 pic.twitter.com/ZmygrcbfSI
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