Véronique Durruty, artiste-auteure française, a arpenté pendant 25 ans les routes du monde, à la rencontre des femmes. Dans son Women’s Book, une sorte de carnet de voyage personnel, elle nous livre ses meilleurs souvenirs.
« Pour moi ce sont elles mes déesses, et pas les femmes qu’on révère aujourd’hui, à savoir les mannequins, les vedettes de cinémas, les people. Ce sont des femmes touaregs du désert, des femmes hindouistes qui sortent de l’eau, des femmes de la rue », explique
Véronique Durruty, auteure du « Women’s book ».
Paru il y a quelques mois aux
éditions de La Martinière, ce livre est une compilation de portraits, de dessins, d’aquarelles, de fleurs, de tissus et autres collages. Autant de souvenirs de tous ces moments passés avec les femmes du monde entier.
Ce sont les récits de rencontres toutes aussi variées, avec des chamanes, des babouchkas dans les églises ukrainiennes, des Japonaises dans des clubs de strip-tease, des femmes pygmées de Centrafrique ou encore les Ifuago des Philippines simplement vêtues de tatouages et de colliers de nacre, que l’auteure a fait figurer dans son livre.
Recettes de cuisine, secrets de beauté et sagesses
Elle nous délivre aussi le savoir-faire de ces femmes : leurs recettes de cuisine, leurs techniques de tissage et la fabrication de leurs produits de beauté et de leurs bijoux. Il y a ces Birmanes qui utilisent un maquillage à base de bois de thakana, les Egyptiennes inventeuses des fards, des parfums et des teintures, les Indonésiennes se parant de noix d’arec pour se faire un rouge à lèvres orangé ou encore les Américaines adeptes du « crème-de-jour-anti-cernes-fond-de-teint ». Commun à toutes les femmes, le henné, qui maquille, cicatrise, hydrate ou éloigne les mauvais esprits et dont l’auteure nous donne tous ses secrets.
« En tant que mère voyageant avec ma fille, les autres femmes m’ont beaucoup ouvertes les portes de leur maison. Elles m’ont appris des recettes. Les enfants et la cuisine, restent toujours le domaine des femmes dans beaucoup de pays du monde », souligne Véronique Durruty.
Mais pour la photographe, au delà de ses enseignements pratiques, ce sont aussi des rites, des légendes et des leçons de vie qui lui ont été transmis, notamment par les petites filles du grand bordel de Daulatdia au Bangladesh. Elles lui ont dessiné des princesses, des fleurs et des maisons de rêve, gardant toujours le sourire malgré leur détresse.
« A chaque fois que je rentre de voyage, je me dis que ces femmes ont une force et une capacité au bonheur que l’on a peut être perdu dans les pays occidentaux ».
L’artiste n’oublie pas non plus d’évoquer ces femmes scientifiques, qu’elle a pu photographier en travaillant avec la fondation Unesco l’Oréal pour les femmes et la science il y a quelques années. Entre l’évocation d’une Suédoise qui photographie les électrons au milliardième de seconde et celle d’une Koweïtienne chercheuse dans le domaine de la corrosion, se trouve le portrait d’une Chinoise professeure de chimie et d’énergie, qui nous laisse un message : «
En tant que femme, oublie (…) les pressions familiales, fonce et poursuis tes rêves. Si tu n’as pas de rêve, tu n’as pas d’âme ».Des histoires de femmes de plus de 100 pays
Parmi les moments qui ont tant marqué Véronique Durruty, un petit-déjeuner dans une yourte avec une femme mongole lui ayant servi du gras de mâchoire de mouton. Mais aussi ces instants forts avec la Dame de Chitral, d’un ex-royaume du Pakistan, qui avait enlevé son voile pour elle, mais qu’elle n’a pas pu photographier.
« J'ai fait la photo dans ma tête. Le lendemain, quand je suis partie, elle m’a demandé de ne pas l’oublier. Est-ce possible ? C’est la plus belle photo de femme que je n’aie jamais faite », confie l’auteure.
« Je crois que mon tour du monde à travers elles est mon plus beau voyage »
Et il y a plusieurs photos qu’elle n’a pas voulu montrer ou qu’elles n’a pas faites : celles de femmes trop parfaites ou de touristes flemmardes, mais aussi des personnes ordinaires et inoubliables.
« Il y a ces photos de femmes que j’ai faites juste dans ma tête, parce que le moment était trop fort, trop beau, parce que j’avais bien trop peur de détruire la magie de leur portrait en sortant ma petite boîte noire de mon sac à dos. »L’artiste en a encore tant à découvrir, jamais lassée de ces femmes
« belles, fortes », qui ont
« des choses à dire et à apporter ». « Il y a plein de femmes qui se battent et que j’aurais aimé rencontrer. Il y a par exemple Nikki de St Phalle, mais aussi des politiques, des artistes... ».
Véronique Durruty aura regardé, écouté, admiré, ri et compati avec toutes ces princesses, ces muses, d’une centaine de pays différents. Elle invite désormais hommes et femmes à s’évader et à découvrir d’autres cultures avec son Women’s Book, fruit de tant d’années de travail.
« Je crois que mon tour du monde à travers elles est mon plus beau voyage », conclut l’auteur.