Fil d'Ariane
@DougColtart @kubatana
— Hillary Musarurwa (@HillaryMusarur2) 19 avril 2018
Perhaps Chiwenga thought that Zimbabwe Nurses Association is run the same way the Zimbabwe National Army (ZNA) is run - by nommand#BringBackOurNurses
Les conditions de travail difficiles des infirmières au Zimbabwe n'ont rien de nouveau. Sous la direction de l'ancien président, Robert Mugabe, l'état du service public s'est fortement dégradé en 37 ans. En octobre 2017, il avait été nommé ambassadeur de l'OMS et quatre jours plus tard, devant le tollé général face à cette annonce, l'organisation lui avait retiré son titre.
Car au Zimbabwe, la plupart des hôpitaux manquent de médicaments et d'équipements ; régulièrement, les salaires des infirmières et des médecins ne sont pas versés. C'était d'ailleurs cette réalité, inchangée depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmerson Mnangagwa, qui a poussé les médecins dans la rue. Après qu'ils aient obtenus, pour eux-mêmes, une augmentation, les infirmières ont donc suivi la même démarche... Mais il semble que le gouvernement du Zimbabwe soit plus ouvert à la discussion quand il s'adresse à des hommes...
Terriennes : Comment expliquez-vous que les médecins aient obtenu gain de cause et que les infirmières soient renvoyées pour des demandes similaires ?
Marie-Roger Biloa : J'y vois deux raisons. La première tient au statut des médecins : les 'docteurs' sont apparemment plus importants, plus titrés et ils bénéficient d'une meilleure place dans l'échelle sociale. La deuxième, c'est qu'ils sont des hommes. Si en Occident, ce n'est pas le cas, en Afrique, les docteurs sont majoritairement des hommes et les infirmières globalement des femmes. Et ces femmes ont un statut nettement inférieur, elles sont beaucoup plus vulnérables et le gouvernement les pense plus facile à impressionner. Le vice-président pense que, parce que ce sont des femmes, il sera plus facile de casser ce mouvement social en les menaçant et en les jetant comme si elles n'étaient toutes que des éléments interchangeables. Il y a donc une double problématique, celle de la position sociale, de la classe sociale même et celle du genre.
Le vice-président annonce qu'il veut recruter des chômeuses et des retraitées. Concrètement, peut-il mettre en place cette annonce ?
Marie-Roger Biloa : En théorie, oui. Il faut bien comprendre que, dans les pays africains, ce n'est pas comme en Europe, la retraite est vécue comme une sanction, comme une déchéance. Une sanction nécessaire parce qu'on n'a pas trop le choix mais les gens préfèrent travailler parce que l'écart financier entre les salaires et les pensions de retraites est énorme ! Donc c'est tout à fait possible mais il faut ensuite voir si il y a suffisamment de retraitées pour remplacer celles qui sont actuellement en poste. D'autant que le vice-président veut recruter des chômeuses mais il n'y a pas beaucoup d'infirmières au chômage au Zimbabwe. Comme la population augmente, le besoin de personnel hospitalier grandit aussi et souvent, si les infirmières ne sont pas embauchées, cela tient à des questions de budget et non pas de demande. Mais ce qui se joue aussi, au-delà de la pression que le gouvernement impose sur la partie la plus vulnérable de la population, c'est aussi un enjeu électoral. Le Zimbabwe est en pleine période électorale et Emmerson Mnangagwa veut imprimer sa marque face à l'opposition. Donc les infirmières ont été accusées de faire le jeu de l'opposition, d'être instrumentalisées par l'opposition. Le gouvernement joue la carte de la fermeté pour ne pas laisser à penser qu'il craint l'opposition.
Dans ce contexte, les revendications des infirmières ont-elles une chance d'aboutir ou est-ce que c'est un combat perdu d'avance ?
Marie-Roger Biloa : Alors c'est difficile à prévoir mais on le saura très rapidement. Il faut bien voir que c'est un vrai bras de fer : les infirmières maintiennent la grève malgré le communiqué radical du vice-président. Ça implique qu'elles considèrent qu'il n'y a, à l'heure actuelle au Zimbabwe, pas assez d'infirmières en inactivité pour les remplacer. Donc cette mesure annoncée par le gouvernement serait une posture de négociation et les infirmières misent là-dessus. En allant plus loin, elles misent aussi sur la difficulté liée à la réorganisation du service public après qu'elles soient toutes renvoyées. Car c'est une chose de vouloir renvoyer tout le monde et de les remplacer ensuite mais pendant ce temps, les hôpitaux ne pourraient pas fonctionner ! Et une fois les personnes recrutées et en activité, il faudrait réorganiser le travail dans ces hôpitaux : il est plus simple d'arrêter une grève et de faire retourner les gens déjà à leur travail dès le lendemain. Il y a peut-être des négociations en coulisse et on pourrait entendre d'un moment à l'autre l'annonce d'un accord entre le gouvernement et les infirmières ! Mais en attendant, chacun campe sur ses positions, on verra qui cédera en premier.